Syl Johnson : « Plus Soul que Marvin, plus Funk que James »
Ce qu’il y a de magique, c’est que l’on connait TOUS un titre de Syl Johnson, parfois même sans le savoir. Ça restera son éternel pouvoir. Le « bluesoulman » de Chicago, originaire du Mississipi, a largement contribué à l’expansion de la Great Black Music dans les années 60-70. Tantôt dans l’ombre d’Al Green et bien d’autres, tantôt en son nom.
Il s’était auto-proclamé « artiste le plus samplé de tous les temps ». Et en effet, son œuvre, en particulier Different Strokes, a su convaincre les meilleurs noms du hip-hop : de Public Enemy avec « Fight the Power » au Wu Tang en passant Cypress Hill, Kanye West, N.W.A, Black Thought, ou Tupac ; jusqu’à IAM, en 1997, qui a reprend la boucle « I Hate I Walked Away » (1973) pour composer Elle donne son corps avant son nom.
Toujours samplé, très peu crédité
Pour autant, Johnson s’est toujours senti inconsidéré pour son travail. Il a dû se battre pour récupérer les fruits de ses « échantillons sonores » non crédités. En 2010, il se confiait au New York Times :
Je trône dans la maison que le Wu Tang a construit avec son argent
Syl Johnson
Il y a bien eu des procès pour récupérer ses royalties. En particulier, celui à l’encontre de Kanye West et Jay Z, qui empruntaient gracieusement à « Different Strokes » au bénéfice « The Joy » – titre paru de la version deluxe de Watch The Throne. Le procès s’est soldé en 2012 par un accord confidentiel.
Parmi ses titres majeurs, il y a l’incontournable « Come Together » honorablement repris par Les Beatles. Et aussi, « Is It Because I’m Black » (1969), devenu un véritable hymne des militants pour les droits civiques aux États-Unis, jusqu’au mouvement Black Lives Matter.
Syl Johnson, celui qui entendait les « carillons de l’amour – « I Hear The Love Chimes »), « plus soul que Marvin, plus funk que James », a tiré sa révérence le 6 février dernier. Rejoint par Betty Davis, ils trônent désormais ensemble au panthéon des musiciens d’exception de Black la Music.