Roy Hargrove: The RH Factor pour l’union du jazz et du hip-hop
Roy Hargrove fait partie intégrante de mes rèfs, en particulier les projets Hard Groove et Distractions, fruits de sa formation The RH Factor. Le trompettiste entouré d’autres musiciens ambitionne avec ce band de réunir les scènes jazz et hip-hop/soul pour montrer qu’elles ne font qu’un. C’est la raison pour laquelle il a été listé dans les 5 albums incontournables aussi hip-hop que jazz; aussi raison pour laquelle il est cité de nombreuses fois par les artistes interviewé dans ce Carnet de Voyage d’une Diggeuz. Petite analyse de ce groupe, véritable “game changer” dans la fusion du jazz et du hip-hop. ★★★
Le trompettiste américain Roy Hargrove était un musicien d’exception. Découvert très tôt par son ainé également trompettiste Wynton Marsalis, il délivre Diamond In The Rough, son 1er album en tant que chef de file en 1990. Le musicien totalise pas moins de 26 projets solo, et 60 en tant que sideman. Disparu en 2018, des suites d’une longue maladie des reins, il laisse derrière lui, un patrimoine conséquent et des artistes-amis-collaborateurs qui lui doivent beaucoup : The Soutronics, Macy Gray, The Soulquarians, Angelique Kidjo, Marcus Miller, parmi tant d’autres, et bien sûr, sa fidèle amie depuis le lycée Erykah Badu. Ses contributions au monde de la musique dépassent allègrement celui du jazz. Hargrove aimait les défis et la Musique avec un grand M tout simplement. Avant-gardiste et musicien « crossover », il mêlait le jazz et le hip-hop pour créer des évidences sonores.
Roy Hargrove et le collectif Soulquarians
Je voulais simplement ouvrir une porte qui permettrait aux musiciens impliqués dans le jazz et aux musiciens impliqués dans le courant dominant R&B / hip-hop de former une musique qui n’aurait aucune limite. C’est comme une fusion de ces deux mondes.
Roy Hargrove à Chris M. Slawecki, interview pour All About Jazz
Ce désir de former “une musique qui n’a aucune limite”, Roy Hargrove l’a, entre-autre, expérimenté en prêtant sa trompette à D’Angelo, Erykah Badu et Common pour les albums Voodoo, Mama’s Gun, Like Water For Chocolate. De véritables classiques des années 2000. Mais ce qu’on sait moins, c’est que le trompettiste a eu une place prépondérante au sein des Soulquarians. Ses arrangements ont fait la différence de leurs orchestrations!
Le collectif de la fin des années 90 est composé de D’Angelo (composition, voix), Ahmir « Questlove » Thompson (batterie, production), J Dilla (composition, production, rap), Erykah Badu (composition, voix), James Poyser (clavier), Bilal (voix), Pino Palladino (basse), Q-Tip, Mos Def, Talib Kweli, Common, et Slum Village. A cela, il faut ajouter Roy Hargrove à la trompette! A l’époque, ils ambitionnent d’expérimenter une black music sans frontière et faire sonner ensemble la funk, la soul, le jazz, le hip-hop. Ensemble, aux studios Electric Lady, devenue la Mecque en la matière, ils ont, sans le savoir, offert aux musiques noires une véritable renaissance.
Hard Groove, le game changer
La vraie concrétisation pour Hargrove se produit avec sa formation The Rh Factor. Ils rassemblent deux saxophonistes (parmi lesquels le guadeloupéen Jacques Schwarz-Bart), trois claviers, deux bassistes et batteurs ainsi que deux guitaristes. The RH Factor donne vie à trois projets majeurs:
Sur Hard Groove est présente la quintessence rap & soul. Sont aussi présents certains membres des Soulquarians: Erykah Badu, Common, D’Angelo, Q-Tip ou encore Anthony Hamilton, pour ne citer qu’eux. Cet album a démontré que le hip-hop était du jazz, que la (neo) soul était aussi du hip-hop, et que le jazz était le parent de ces genres musicaux que beaucoup s’acharnent à distinguer. Plus que “jazzy”, son approche est de considérer l’ensemble comme amorcée au sein des Soulquarians! Comme le disait si bien Hargrove, une fois les bases acquises, on peut faire ce que l’on veut. Et il n’y a que le marketing pour lui donner un nom pour le vendre…
J’ai trouvé très difficile de pouvoir mettre ensemble le bon type d’orchestrations pour ce domaine de la musique. Mais comme je l’ai dit, on apprend l’harmonie, la théorie et le rythme, les outils de base pour l’improvisation, et ensuite on peut faire ce qu’on veut. Je dis toujours aux « cats » de jouer du piano, de maîtriser l’harmonie, de savoir ce qu’ils font en termes d’harmonie.
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