đżđŠ Le rap sud-africain face au gĂ©ant amapiano : Ătat des lieux
Avec lâĂ©mergence des musiques Ă©lectroniques en provenance dâAfrique du Sud, en particulier l’amapiano, le constat est sans appel. Le rap sud-africain nâest plus vraiment la prioritĂ© des grosses machines de lâindustrie avides de remplir leurs caisses via des talents âmarketablesâ Ă l’international. La scĂšne rap sud-africaine est pourtant toujours bouillonnante. Ătat des lieux.
Comme partout ailleurs, la culture hip-hop est trĂšs active en Afrique du Sud. Depuis les pionniers comme Prophets of da City, Godessa ou Lance Sterh, jusquâĂ la nouvelle gĂ©nĂ©ration qui peut compter sur Cassper Nyovest, Da L.E.S ou encore AKA.
Si Nasty C et Nadia Nakai, par exemple, sont une vitrine Ă lâinternational, dâautres artistes doivent se relever les manches pour assurer leur pĂ©rennitĂ© dans lâindustrie. Ils appartiennent Ă lâunderground, autrement dit, sont indĂ©pendants et leur musique reste fidĂšle Ă la culture rap revendicative, alternative, proche du peuple. On pense notamment Ă Priddy Ugly, ou Blxckie que tu peux retrouver dans la playlist South African Series. Ou encore Dope Saint Jude que les mĂ©lomanes français connaissent peut-ĂȘtre davantage pour ses tournĂ©es sur le territoire (Printemps de Bourges, FĂȘte de l’Huma).
âŻïž PrĂ©server le rap sud-africain du mastodonte amapiano
Les frictions qui sâexercent entre les scĂšnes hip-hop et amapiano semblent davantage appartenir Ă lâindustrie quâaux artistes ou au listeners. Dâailleurs beaucoup de producteurs amapiano Ă succĂšs sont aussi initialement des producteurs hip-hop. Les deux cultures sont liĂ©es et ont la culture sample en commun. Si le kwaito et le hip-hop ont pu cohabiter, pourquoi pas le duo hip-hop-amapiano. Câest dâailleurs dĂ©jĂ le cas. Focalistic ou Cassper Nyovest en sont de bons exemple.
Ăvidemment, la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server la visibilitĂ© des acteurs du mouvement et le promouvoir est indispensable. Des initiatives comme les SAHHA (South African Hip Hop Awards) ou encore le MusĂ©e du Hip-Hop Sud-africain y contribuent. Et surtout, les rappeurs eux-mĂȘmes qui ne cessent de crĂ©er, soutenus par des « listeners exigeants ». đ
âŻïž Sortir des carcans. Innover pour se rĂ©inventer.
Cela dit, le rap sud-africain a une existence Ă part entiĂšre et est loin dâĂȘtre « mort » comme certains lâaffirment. Certes les influences se mĂ©langent, mais câest le propre de lâĂ©volution. Ainsi il est composĂ© de trap, de drill, d’amapiano, se nomme skhanda rap, mzonkonko, ce qui lui permet d’innover toujours plus et de continuer son chemin. La question de la mĂ©diatisation est donc capitale. LĂ , Ă©videmment, le web social et le web3, autant que les mĂ©dias alternatifs comme WeeKult., et les DJs, sont des enjeux pour les artistes de cette scĂšne rap alternative.
Jâaime quand les genres se mĂ©langent pour crĂ©er quelque chose de beau. Le hip-hop sud-africain lui-mĂȘme vient de lĂ , et il y a tellement dâĂ©lĂ©ments diffĂ©rents qui le composent.
Yugen Blakrok
Histoire d’aller plus loin dans notre rĂ©flexion, nous sommes allĂ©s questionner une figure fĂ©minine de cette scĂšne indĂ©pendante. Yugen Blakrok a un sĂ©rieux background : nominĂ©e aux South Africa Hip-Hop Awards (2014), tournĂ©es internationales, elle se fait aussi une place sur la bande-originale du film Black Panther produite par Kendrick Lamar avec « Opps » feat. Vince Spales; sans oublier son passage dans les studios de Colors, entre autres.
Yugen a choisit lâEurope pour continuer Ă promouvoir son rap, Ă sa façon, en se diversifiant via l’exploration d’autres disciplines artistiques. Bref, on a âchattĂ©â avec Yugen Blakrok !