Le titre controversé « Mississippi Goddam » de Nina Simone a 60 ans cette année. L’occasion de s’arrêter sur le mini-documentaire du même nom, dévoilé il y a quelques semaines. Le court-métrage retrace l’histoire de ce son iconique devenu un véritable hymne pour la communauté afro-américaine. Narré par Tarriona Tank Ball du groupe Tank and the Bangas, il est également ponctué des témoignages de la rappeuse Rapsody. A check absolument!

Tu as sûrement déjà entendu ou lu des milliards de choses au sujet de Nina Simone. Mais connais-tu l’histoire derrière « Mississippi Goddam » ? Le morceau témoigne d’un passé sombre et difficile: celui de l’Amérique ségrégationniste des années 60. Le reportage Mississippi Goddam décrypte en 9 minutes, les dessous de ce titre réactionnaire, ce cri de désespoir poussé par la Grande Prêtresse de la Soul. Envers et contre tous.

« Mississippi Goddam » ou le tournant dans la carrière de Nina

On te pose le décor : 1963, les États-Unis sont en pleine crise raciale. La population afro-américaine se soulève et se bat pour faire valoir ses droits. Des militants comme Martin Luther King ou Medgar Evers prennent le lead de mouvements contestataires et de manifestations. Ensemble, ils réclament justice, mais c’est l’escalade de la violence au Mississippi…

Raconté par l’authentique voix de Tarriona Tank Ball, on revient à travers ce reportage explicatif et synthétique, sur ce tournant de l’histoire des USA. Comment un succession d’évènements d’une extrême violence ont poussé Nina Simone à faire de son art, une arme pour combattre l’injustice raciale. Plus qu’une pianiste, chanteuse et auteure-compositrice, elle devient une fervente militante des droits civiques.

“Mississippi Goddam” : critiqué, censuré, une porte ouverte à ses pairs

Illustré d’images d’archives et des dessins d’illustration, le 9 minutes est ponctué des interventions aussi pertinentes qu’ironiques de la rappeuse américaine Rapsody. L’enquête te dévoile l’envers du décor du morceau. On y apprend que les assassinats de 1963, dont celui de Medgar Evers, ont déclenché la rage de Nina. Elle compose alors « Mississippi Goddam » en 1964.

D’ailleurs, il est aussi le premier titre engagé de notre chanteuse. Et, on te le disait plus haut, il marque un tournant dans sa carrière. Nina accentuera ensuite sa position de jazz woman militante. Elle compose « Backlash Blues” et, “To be young, gifted & black” avant qu’Aretha Franklin n’en fasse un hit. Mississippi Goddam” est un choc pour la gouvernance suprémaciste. Le titre est jugé vulgaire pour ses paroles explicites qui traduisent un point de non-retour social, politique et émotionnel.

“La meute de chiens est à mes trousses. Les petits écoliers sont en prison. Un chat noir traverse ma route. Je me dis chaque jour que c’est peut-être le dernier. Que Dieu ait pitié de mon pays. Ma place n’est pas ici.”

Extrait traduit du titre « Mississippi Goddam »

Le titre polémique est un tournant dans la carrière de Nina. A l’époque, la prise de risque d’être une femme noire exposée est immense. “Mississippi Goddam” est interdit de diffusion en radio. Simone accuse des menaces de mort et des disques détruits, sont déposés et envoyés chez elle… Malgré tout ça et en dépit du danger, l’artiste reste fidèle à ses convictions. Comme elle le confesse aussi dans son titre, Nina est désabusée par la misère de son pays. Quelques années plus tard, dans le milieu des années 70, Nina s’exile quelques années en Afrique. Elle honore l’invitation de Myriam Makeba à visiter le continent, et la rejoint au Libéria. L’invitation durera 3 ans…

Je t’invite à (re)découvrir cet hymne et Press Play sur Mississippi Goddam, un régal de mini-docu.

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